Comprendre le prix négatif du pétrole
Comprendre le prix négatif du pétrole
Les journaux ont fait leur une (à juste titre) sur le prix négatif du pétrole, constaté sur le marché américain les 20 et 21 avril 2020. Il s’est échangé jusqu’à -37,63 dollars le baril. Du jamais-vu.
Trois dates sont remarquables dans l’histoire récente des prix du pétrole :
1. En 2008, la crise a fait plonger le baril de 145* à 45 dollars en quelques mois, la plus importante chute de l’histoire (voir : le cas Air France). Les prix sont repartis à un niveau élevé ensuite.
2. En 2014, la révolution du schiste a durablement fait baisser les prix.
3. Le 20 avril 2020, le prix du pétrole est devenu négatif pour la première fois de son histoire.
* ce niveau était certes exceptionnel
Alors, peut-on vraiment se faire payer pour acheter un baril de pétrole ?
La réponse simple est : non. Mais comprendre cet événement historique est une bonne occasion pour découvrir ou réviser quelques concepts fondamentaux sur le pétrole, l’énergie et le fonctionnement des marchés.
D’abord, précisons que le prix négatif du pétrole du 20 avril 2020 a été constaté sur le WTI, et pas sur le Brent. [Brent ou WTI ?]
Ensuite, il faut comprendre que ce qui a donné naissance à ce prix négatif est le contrat future, arrivant à échéance le mardi 21 avril. Ce contrat est assorti d’une livraison physique, alors que les capacités de stockage et de transport sur les lieux de livraison sont saturées. Ainsi, à la veille de l’échéance, personne ne souhaitait prendre livraison de la matière à la date et à l’endroit convenus. Dès lors, les titulaires d’un contrat d’achat ont tout fait pour s’en débarrasser, jusqu’à ce prix normalement impossible de -37 dollars.
Autrement dit, pour profiter du prix négatif, il fallait avoir accès à des capacités de stockage et d’enlèvement à Cushing, Oklahoma…
En conclusion, ce prix négatif est donc la combinaison de plusieurs facteurs :
- Conjoncturels : la crise Covid-19, qui assèche la demande et ne permet pas de vider les stocks.
- Structurels :
- Un contrat qui exige une livraison physique en un lieu donné à une date donnée,
- Des infrastructures sur place qui ne sont pas adaptées aux conditions extrêmes, aux niveaux actuels de production (révolution du schiste),
- Une production américaine qui ne faiblit pas. [Pourquoi la production américaine ne faiblit-elle pas ?]
Le lendemain du krach, le 22 avril 2020, le contrat à échéance du mois suivant (livraison le 22 mai) s’échangeait à des prix positifs. Les détenteurs d’un contrat d’achat avaient encore un mois pour s’en débarrasser, s’ils ne voulaient pas prendre livraison du pétrole à terme.
Rendez-vous le 22 mai…
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